Cher monsieur le directeur,
je m'appelle Song Kyung Il. J'ai actuellement 28 ans, car je suis né le 28 Novembre 1987 à Séoul et je suis coréen. En plus d'être prof à VIP, je suis surtout chanteur, danseur et mannequin presque malgré moi. Si vous voulez tout savoir je suis leader, danseur principal et chanteur secondaire au sein du groupe HISTORY et mes activités sont gérées par l'agence LOEN Entertainment. En ce qui concerne ma famille je suis fils unique et en rupture familiale. Étant donné que je n'ai aucun secret pour vous monsieur le directeur, vous pouvez aussi savoir que je suis hétérosexuel jusqu'à preuve du contraire et à mon âge on se cherche plus vraiment, et que je suis un coeur brisé à recoller. J'aimerais m'inscrire à VIP University comme professeur de danse moderne car j'ai presque 15 ans d'expérience dans le domaine et que j'ai passé l'âge de fouler les bancs d'école. De plus mon expérience comme leader m'a appris à gérer les troublions qui se croient mieux que tout le monde et chez les danseurs idoles, ça manque pas.
Je vous joins les renseignements demandés pour l'inscription.

Ton caractère
Au quotidien on me décrit comme étant charismatique, déterminé, patient, intègre et cependant ouvert d'esprit, gentleman, dévoué mais aussi acerbe, réservé, claustrophobe dans le noir total, trop gentil quand on sait tirer les ficelles, froid, borné, rancunier, lunatique, juste assez menteur et manipulateur et j'ai pour habitude de ne pas laisser paraître mes émotions facilement et à avoir du mal à faire confiance. Une fois que ma confiance est accordée en revanche, je suis une crème, hyper tactile limite dépendant, doux et un brin romantique (même si je ne crois plus du tout en l'âme soeur).

Qu'est-ce qui te différencie ?
La première femme que j'ai aimé était une adolescente différente de toutes les autres, rêveuse et un peu lunatique et elle m'a fait perdre la tête, mon coeur avec. Elle est tombée enceinte, elle n'avait que 15 ans et elle est devenue la Kim Taeyeon que tout le monde aime. Mais surtout : elle a disparu de ma vie à ce moment-là pour aller vivre une vie de paillettes. Et depuis ma vie amoureuse n'a été qu'une longue suite d'échecs. Je suis passé d'un ado de la campagne, doux et presque faible, à un mec à l'image dure, presque froide pour qui ne me connaît pas, qui a l'air d'avoir vécu dans les milieux huppés de Séoul depuis qu'il sait marcher. Peu nombreux sont ceux qui me connaissent vraiment. Je reste une énigme et c'est bien ainsi.

Le public a mis un nom sur ma tête la première fois grâce à mon rôle principal dans le MV de IU "Beautiful Dancer" car oui, je suis danseur à la base, et même backdancer. J'ai fait du mannequinat pour mettre du kimchi à ma table avant ça mais c'est une époque révolue, je ne suis plus assez maigre pour cet enfer de toute façon. Puis peu de temps après avoir été embauché comme danseur régulier pour LOEN Entertainment on m'a proposé de suivre des cours de chant et de rap. Et ensuite une place dans un groupe de 5 membres qui débuteraient un jour. Je travaillais déjà pour eux, quel mal à y suivre des cours ? La célébrité de m'intéressait pas, mais à ce moment là j'avais envie de revoir Taeyeon, de me rapprocher d'elle, d'essayer de la comprendre peut-être ?
J'ai ainsi débuté comme idole dans le groupe HISTORY le 26 Avril 2013. On a pas une grande renommée mais on est heureux comme ça, pour moi c'est très bien ainsi. Récemment notre maknae Yi Jeong a encore fait tout notre mini-album, le 4ème déjà, lui il mérite plus de reconnaissance, il est bourré de talents, et on a fait un comeback avec une chanson intitulée QUEEN.
Il paraît que je suis aussi connu pour faire partie du Nuthang, un groupe de potes dont GD et T.O.P du groupe Big Bang. C'est avant tout des potes qui m'ont aidé à être ce que je suis aujourd'hui. Mais si ça fait plaisir aux fans de nous voir traîner ensemble via des photos sur Instagram, pourquoi pas !

Je suis né d'un miracle disait mon père. Ma mère ne voyait que le ventre déformé que cela lui faisait. J'ai vu le jour à Séoul de parents qui ne se sont probablement jamais aimé. Ma vie commençait avec un échec relationnel qui doit être l'origine de la malédiction que j'ai l'impression de porter mais passons.
Les disputes, la violence verbale, les objets brisés, le regard des voisins, les mauvaises blagues des camarades de classe, tout cela a conduit à un divorce qui n'a surpris personne. À l'époque j'étais un garçon solitaire, réservé, j'essayais de faire fuir les gens qui s'approchaient parce que je ne voulais pas entendre leurs jugements, leurs critiques, ou recevoir leur pitié. Mes professeurs disaient même que j'étais taciturne bien qu'obésissant. J'avais 11 ans lorsque je fis le premier choix crucial de mon existence, je choisis mon père. Mon grand-père paternel venait de décéder d'une mauvaise chute, laissant la maison familiale à ma grand-mère déjà trop vieille pour s'en occuper. On déménagea donc aussitôt pour Jeju et je découvrais une vie tellement différente, si paisible et agréable au quotidien que j'avais l'impression d'avoir atteint le paradis, les meilleurs moment de mon existence. Je n'avais pas tout à fait tord. Le meilleur arriva très vite sous la forme d'une jeune fille d'un an et demi ma cadette mais qui n'en avait rien à faire d'où je venais, de mon absence de mère et de mes regards un peu sombres. Non elle elle brillait pour nous deux, elle avait toujours quelque chose de surprenant à dire, à faire, à imaginer. Elle n'était pas comme les autres et c'était exactement ce qui m'attira chez elle.
On devint rapidement inséparable. On se comprenait, on se chamaillait, on ne se quittait plus. Mon père était heureux de voir que je m'ouvrais, que je souriais, que je courrais pour la retrouver, mon baladeur-cassette à la main au risque de trébucher sur le chemin de terre. Mais il fallait que je lui fasse écouter la dernière trouvaille de mon père passionné de jazz et de blues. Tae Yeon et moi écoutions ces morceaux en boucle au point qu'une fois sur deux lorsqu'il m'appelait c'était pour me demander où était passée telle ou telle cassette. Quand d'autres apprenaient par coeur la liste des 151 pokémons nous on imitait les joueurs et chanteurs de jazz dans la grange de la ferme jusqu'à être épuisés se laisser tomber dans le foin. Je lui appris également à jouer du piano grâce à l'antiquité qui trônait chez mon père et qui avait appartenu à mon grand-père. Je n'étais pas très doué et elle m'a vite dépassé, reprenant ces musiques qu'on adorait et emplissant la maison d'une bonne humeur inégalée depuis.
Ce fut à l'adolescence après quelques années d'un bonheur presque irréaliste qu'elle me fit part, du haut de son mètre cinquante-cinq, de son envie d'embrasser un garçon comme une grande. Oh grande à mes yeux elle l'était, je la taquinais à n'en plus finir, ma croissance s'accélérant à une vitesse impressionnante d'après le pilier en bois de la grange qu'on utilisait pour marquer notre taille, mais elle n'était jamais petite pour moi. Alors je l'embrassais, timidement d'abord, pourvu qu'elle ne remarque pas que j'avais menti sur mes soi-disant expériences au lycée, puis d'instinct, sans plus me poser de question. C'était Tae Yeon, pourquoi me poserais-je des questions ? Perdido passait sur la radio à ce moment-là et je ne peux plus écouter ce morceau sans ressentir sur mes lèvres le fantôme de ce premier baiser que je lui ai pris.
J'étais déjà perdu n'est-ce pas ? Je lui avais déjà vendu mon âme.
Mais pas d'amour non, on s'amusait juste. Même nos mains sur nos corps dénudés étaient un jeu, un jeu de rôle peut-être mais un simple jeu. Pourtant je le maintiens, on a fait l'amour, on a pas juste ba*sé comme des lapins, ni dans notre grange bien aimée, ni au gymnase du collège où je l'avais retrouvé après m'être fait viré de cours du lycée adjacent, ni dans ce champs à 500 mètres de chez moi dans le crépuscule d'une nuit chaude. J'ai fait ça avec toute l'affection que je lui portais et j'avais beau être jeune et c*n, je l'aimais. Sauf que le bébé, il était pas prévu. Surtout pas pour elle, surtout pas dans ses plans. Je le vis plus tard, dans les larmes, le ton de sa voix, ses hoquets de panique lorsqu'elle me le confia, lorsqu'elle mit des mots sur sa terreur de compromettre la carrière de chanteuse dont elle rêvait.

Tout s'est brisé. Mon paradis explosa lorsqu'elle disparut, ne laissant qu'une lettre me demandant de l'oublier, de tout oublier et d'être heureux. J'étais anéanti. J'avais essayé de lui faire comprendre qu'on pouvait le faire, qu'elle pourrait devenir chanteuse plus tard, une fois que l'enfant serait plus grand, que j'en prendrais la responsabilité mais elle resta sourde à mes suppliques, comme si elle ne voulait pas m'entendre, comme si je n'existais soudain plus. Et je ne comprenais surtout pas, et toujours pas, qu'elle choisisse une carrière de paillettes et de faux-semblant plutôt qu'un enfant avec moi. Je n'étais sûrement pas assez bien. Elle devait sûrement penser que je ne la méritais pas, moi le gosse trop gentil et sans famille, sans argent et sans avenir, le rêveur assez idiot pour n'écouter qu'elle et la suivre dans toutes ses lubies.
Après les torrents de larmes et une longue période à m'enfermer dans ma chambre malgré la perte rapide de patience de mon père, je me mis à la haïr, à la prendre au mot et à décider d'être heureux et même de lui montrer que je serais 100 fois, 200 fois, 400 fois plus heureux qu'elle.

J'avais rejoint une académie de danse en arrivant sur l'île sous les conseils de la professeur principale qui avait reçu ma demande de transfert dans sa classe. Pour me sociabiliser. J'avais découvert avec plaisir que je n'avais pas spécialement besoin de communiquer avec mes petits camarades pour répondre aux attentes du professeur de danse et il ne me fallut qu'un petit coup de pouce pour me jeter à corps perdu dans cette activité. Je joignais également le club du collège et lorsque je n'étais pas avec Tae Yeon ou en train d'aider mon père au champs, je dansais, du soir au matin et même dans mon sommeil d'après ma grand-mère. Je ressentais une grande liberté dans la danse et mon amour pour le jazz imprima une identité particulière à mon style que mon professeur appréciait beaucoup.
Après que Tae Yeon m'ait brisé le coeur je passais des heures et des heures au studio à danser jusqu'à ce que je tombe d'épuisement et cela jusqu'à ce qu'on vienne me secouer comme un prunier, mon professeur m'excluant de l'académie jusqu'à nouvelle ordre parce que j'étais "assez c*n pour me blesser si je continuais ainsi". C'est durant ces jours où j'étais enfermé au studio que ma grand-mère mourut, seule parce que mon père était occupé au champs. Il ne m'en a jamais tenu verbalement pour responsable mais plus rien ne fut pareil entre nous. On était fusionnel mais en l'espace d'un mois je perdais ma meilleure amie, l'amour de ma vie, mon seul autre parent et l'amour de celui qui me restait.

Dépressif, j'acceptais malgré tout la proposition d'une université de Séoul pour intégrer leur cursus de danse moderne sans trop savoir où cela allait me conduire. J'ai déménagé, en froid avec mon père qui se retrouvait seul et ne parvenait plus à me comprendre. Je ne me comprenais plus moi-même.

Tae Yeon je l'ai haï, très fort. Elle ne débuterait peut-être jamais. Elle avait probablement détruit une vie à naître et mon coeur pour rien du tout. Une part de moi le souhaitait, l'autre... voulait qu'elle ait eu raison. Je refusais que ce soit en vain mais je ne parvenais pas à lui donner raison pour autant. Cela me tracassait tellement que je partais après seulement une année passée à l'université, et malgré ma rencontre avec un groupe d'amis merveilleux, pour faire mon service militaire. Je ne serais pas un bon à rien, je refusais de me laisser aller et de justifier qu'elle n'ait pas cru en moi, il fallait que j'aille de l'avant, que je prouve, au moins à moi-même, que j'avais un peu de valeur. C'est pendant cette période austère mais vivifiante de ma vie qu'elle apparut à nouveau, sur l'écran de télévision de la cantine, débutant cette carrière dont elle m'avait dit rêver et qui devait être bien plus importante que moi, que nous. Je la haïssais. Elle se trémoussait avec cette air de gamine que je savais faux, je repérai la tension légère mais visible à mes yeux qui trahissait ses vraies émotions et je comprenais encore moins. C'était ça qu'elle avait voulu ? C'était pour ça qu'elle m'avait abandonné et demandé d'être heureux ? Heureux ?!
Je ne pouvais pas être heureux de la voir, je ne pouvais toujours pas accepter son choix.

Après ma démobilisation de l'armée, je reprenais mes études mais plus je m'y consacrais, plus je la voyais, partout. J'ai fini par ne plus me consacrer qu'à des gens qui ne m'en parleraient pas, qui n'auraient aucun intérêt pour elle et qui n'écouteraient pas les chansons de son groupe qui devenait rapidement de plus en plus populaire. J'en avais une sainte horreur. Le groupe d'amis que j'avais rencontré avant l'armée fut mon principal soutien et cela bien que deux d'entre eux étaient les rappeurs de Big Bang un autre de ces groupes sur-marketés mais dans un style assez différent. C'était pas mon délire mais je n'y coupais pas, c'était à la fois dans mes études et des gens que j'appréciais au-delà de leur métier. Ils m'aidèrent énormément, j'imagine que j'ai beaucoup changé en traînant avec eux et ils m'ont beaucoup influencé à leur manière tout en épaulant ce qu'il restait de l'adolescent que j'avais été.

Un anneau autour de ma lèvre inférieure percée je suis retourné voir mon père sur Jeju à l'occasion de la fête annuelle familiale qui m'en donna l'occasion l'année suivante en 2008. J'ai vu un homme diminué, alcoolique et désespérément seul mais je n'ai pas vu mon père. J'ai ensuite beaucoup travaillé à côté de mes études pendant plusieurs mois, j'ai même emprunté de l'argent à un ami pour pouvoir lui offrir un logement qui ne tombait pas en ruine mais je n'ai pas réussi à revendre la vieille maison familiale et les terres qui l'entourent. Je crois qu'elle tombe toujours en ruine aujourd'hui mais je n'y arrive tout simplement pas.

À traîner avec le Nuthang on se fait facilement remarquer, la célébrité grandissante de Ji Yong et Seung Hyun n'y étant pas du tout étrangère mais étrangement ça ne me dérangeait pas tant que ça. Plus Tae Yeon était connue en revanche et moins je résistais à l'appel de l'inconnu, cherchant par tous les moyens à l'éviter et à oublier nos souvenirs, mes souvenirs d'elle... J'ai fait quelques conneries dont je ne suis pas très fier mais il faut avouer que je me suis si souvent fait avoir que ma gentillesse naturelle a ensuite évolué, s'est planquée sous une indifférence apparente à laquelle ma difficulté à exprimer mes émotions a beaucoup contribué. De vouloir éviter l'origine de ma douleur j'ai fini par être attiré par elle, à me languir autant qu'à redouter ses apparitions dans ma vie.

Lorsque j'ai trouvé un emploi dans une agence comme danseur d'appoint je ne cherchais pas la célébrité, je n'étais pas trainee, juste là pour accompagner les vraies célébrités sur scène avec ma chorégraphie. Mais ça a vite changé, ils m'ont vite proposé des cours de chant et de rap en prime. Je me voyais mal refuser. Ils n'ont pas lâché le morceau et avant de m'en rendre compte j'étais pressenti pour débuter comme leader d'un groupe de kpop. À mon âge, avec mon passé et mes faiblesses, j'atteignais sans vraiment le vouloir un rêve que beaucoup ne verraient jamais même de près. Mais j'avais déjà suffisamment changé, grâce à mes amis mais aussi à Séoul en elle-même et à mes nombreux échecs amoureux dont un très récent, alors je m'y lançais à corps perdu.
Me verrait-elle ? Saurait-elle que j'étais là, si proche ? Qu'en penserait-elle ?

Au fond je suis terrifié et à ce jour j'ai eu la chance de ne jamais la croiser au détour d'un couloir. Ça me va. Je n'ai pas besoin de ça, je ne suis pas sûr de la réaction que j'aurais, de ma réaction à sa réaction, il a trop de choses qui se passeraient en même temps dans ma tête, c'est mieux ainsi même si je meurs d'envie de confronter ma nouvelle existence à la sienne, à celle qu'elle a choisi il y a 12 ans maintenant. Je la hais toujours mais j'ai dû admettre que je me languis de plus en plus d'elle à mesure qu'on se croise sans se voir et que j'échoue dans toutes mes relations amoureuses. À croire qu'elle a scellé une malédiction sur ma tête dans notre grange à faire les choses étranges qu'elle seule faisait et m'a condamné à ne jamais être heureux en amoureux.

VIP c'est la nouvelle lubie de mon agence. Il paraît qu'il leur faut un professeur de danse et mon manager m'a annoncé ça sans me dire qu'ils voulaient que je le fasse. Je voyais pas le rapport avec la nouvelle tournée de promotions japonaises de mon groupe, il m'a fallu du temps pour faire le rapprochement. Mais voilà, ça m'inspire vraiment de faire vivre la passion que j'ai pour ma discipline à des gosses sauf que les idoles j'ai un peu de mal parfois, et pire : il semble que Taeyeon soit également enseignante ici. Génial. En plus d'être d'avoir une carrière similaire mais avoir réussi à s'éviter, maintenant on est carrément collègues. Honnêtement, j'ai failli refuser, mais une petite voix m'a dit qu'il fallait que je sache. Que je sache si elle avait souffert autant que moi ces 12 dernières années, si son choix en valait la peine d'après elle, et si j'étais réellement victime d'une malédiction par sa faute.