Le soleil commençait à pointer le bout de son nez et Yongguk aimait bien ça. Il aimait commencer à sentir le vent plus si froid dans ses cheveux. Si on y réfléchissait bien pourtant, il ne faisait pas si beau. Il n’était pas rare de voir de la neige et le gros manteau d’hiver n’était pas rangé au placard. Le jeune homme aimait juste profiter de quelques minutes de soleil à travers la vitre, même si elles étaient les seules de la journée. Il fermait alors les yeux, oubliant tout le reste. Puis après, il avait l’impression de ne pas être à la bonne place et d’avoir profité de quelque chose qui ne lui était pas destiné.
Parce que Yongguk ne s’était toujours pas habitué à l’école. Il avait le sentiment d’être un intrus parmi ces gens talentueux, bien plus que lui. Pourtant, personne ne lui disait rien, personne ne lui reprochait d’être là. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser ça. Il le gardait pour lui et continuait sa vie, se disant que ça finirait bien par passer. Cependant, il se faisait quand même petit, de peur d’attirer les foudres de quelqu’un.

Le leader des BAP avait pourtant de quoi prendre un peu confiance en lui. Récemment, il avait été choisi pour travailler pour la Fashion Week de Séoul. Il n’avait rien dit à personne, attendant que ça soit officiel. Il était heureux qu’on souhaite travailler avec lui même s’il ne comprenait pas forcément pourquoi. Ce qu’il comprenait, c’était que ça lui faisait une pression supplémentaire tout de suite après sa prise de fonction et qu’il ne savait pas comment gérer. Alors comme d’habitude, il allait se tourner vers ce qui l’apaisait le plus. Au départ, il avait pensé rester dans un coin de la salle des professeurs pour écrire mais encore comme ça, il se sentait de trop, alors il avait plutôt opté pour une salle normalement vide. La musique, c’était ce qui lui permettait de rester calme et en approchant de la salle, il constata qu’il n’était pas le seul. Il était prêt à faire demi tour mais en plus du piano, il y avait une voix et il connaissait cette voix. Il resta donc derrière la porte quelques minutes, se demandant bien ce qu’il devait faire. Il était évident que rester planté en plein milieu du couloir n’était pas l’idéal.

Le truc, c’était qu’il n’avait pas vu Yixing depuis un an au moins et qu’il savait qu’il était responsable de leur rupture. Qui d’autre que lui ? Il n’était pas assez expressif, un mur montrerait plus d’amour que lui. Peut-être qu’un mur était plus intéressant aussi. Pourtant, il l’avait aimé, ce garçon qui l’avait quitté. Sans jamais pouvoir le dire pourtant, il l’avait aimé et il avait beaucoup souffert de son départ, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il n’était pas assez bien, il n’avait rien fait pour s’améliorer, il ne méritait pas quelqu’un comme le chanteur. Ce dernier était mieux sans lui. Pourtant, alors qu’il aurait dû passer son chemin, il ouvrit la porte sans comprendre pourquoi. Il se retrouva en face de l’EXO, paniquant une seconde après l’erreur d’être entré dans la salle. Il avait coupé la musique jouée et il ne savait absolument pas quoi dire. Il eut presque le réflexe de reculer quand le plus jeune s’approcha de lui, comme pour fuir, mais il resta sur place. Il était incapable de le faire comme il était incapable de prendre la parole le premier. Heureusement, Yixing le fit à sa place et il se détendit légèrement. Très légèrement.

- Je suis professeur parolier.

Il était toujours aussi peu bavard. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas revu Lay, sans doute depuis la rupture d’ailleurs. Il savait qu’il était à l’université mais il ne l’avait pas croisé. Il était content de le voir, bien qu’incapable de le dire. Il se contenta de sourire doucement à cet homme qui avait eu toute sa tendresse et qui en avait sans doute encore une partie. Le jeune homme resta à la porte, n’osant pas entrer un peu plus dans la pièce. Il fixait l’occupant, cherchant à savoir ce qu’il pensait de sa présence, jusqu’à se rendre compte qu’il lui avait posé une question. Il perdit son sourire, troublé de son inattention et par le garçon en face de lui.

- Je… je cherchais un endroit pour… être au calme. Je pensais que personne serait là et j’ai entendu ta voix. Je sais pas vraiment pourquoi je t’ai dérangé, désolé.

Ces quelques paroles étaient beaucoup pour lui qui ne parlait d’ordinaire pas beaucoup. Il avait toujours été comme ça, à chercher un endroit pour s’isoler, parce que c’était ce qui le calmait. Il était tendu, par juste à cause de son ex, c’était bien pour ça qu’il était là. Sentant son regard trop lourd, il le baissa vers le sol, se rappelant de beaucoup de choses. Il se rappelait de son coeur qui battait à chaque fois qu’il était avec lui. De cette sensation de bien être. Il se souvenait des mots qui restaient bloqués dans sa gorge. Il ne parlait pas, ou si peu. Il aurait voulu lui dire, à l’époque, à quel point il tenait à lui. Il n’était pas avec lui juste histoire de dire, il l’avait vraiment aimé.

- Tu vas bien depuis… ?

Lui, il n’allait pas bien. Enfin comme d’habitude. Il allait peut-être un peu mieux ou il s’en donnait l’illusion. Il s’était sans doute trop plongé dans le travail. Il se souvenait de cette sensation de vide, de déchirement quand il avait perdu celui qu’il aimait. Et puis cette fatalité, contre laquelle il ne s’était pas battu. Après tout, c’était normal que Yixing le quitte. Qui voudrait de lui ? Il ne pensait pas se souvenir d’autant de chose en le voyant. Ce n’était même pas qu’il se souvenait, c’était qu’il ressentait. Il avait pourtant tourné la page, mais ça revenait à lui. Alors il tenta de chasser ça en abordant un autre sujet, pourtant pas si éloigné.

- J’ai toujours aimé t’entendre chanter. C’est dommage qu’on ne te voit plus trop en ce moment.

C’était tout ce qu’il trouvait à dire et c’était nul. Toujours à l’entrée de la pièce, il aurait voulu lui dire qu’il était content de le voir, qu’il espérait qu’il était heureux, ce genre de chose. Seul le silence l’entoura. Pour changer.