L’herbe du jardin de l’école était très confortable pour une petite sieste. Bo Geom aimait bien le soleil et la météo du jour était exactement ce qu’il aimait. C’est comme ça qu’il se retrouva allongé par terre, à fermer les yeux, pensant ne pas pouvoir s’endormir si rapidement.



Le jeune homme voulait profiter de son dimanche, le seul jour où il n’avait pas cours. Il était habitué aux emplois du temps chargés mais il ne refusait jamais un jour de repos. Le soleil trônait fièrement dans le ciel et la chaleur réchauffait doucement les bras de l’acteur. Est-ce qu’il devait vraiment se mettre à découvert en se baladant dans les rues de Séoul ? C’était une assez mauvaise idée mais il n’avait pas envie de rester enfermé dans l’enceinte de l’école. Il opta donc pour une sortie, mais masqué. De toute façon, beaucoup de personnes dans la ville se protégeaient, et le soleil incitait fortement à porter des lunettes. Il pourrait donc passer plus facilement inaperçu. Le garçon retourna rapidement se changer dans le dortoir pour paraître le plus banal possible et se dirigea vers les grilles de l’école. Il était simplement joyeux, il allait flâner dans les rues comme n’importe qui pourrait le faire.

Le jeune homme se retrouva rapidement dans une rue très passante, où beaucoup de personnes pouvaient le reconnaître et où tout le monde ignorait tout le monde. Au moins, personne pour le fixer. Ce n’était pas une sortie parfaite mais c’était ce qu’il pouvait avoir de mieux. C’était déjà bien. Alors qu’il regardait la vitrine d’un magasin de sport, il entendit du bruit un peu plus loin dans la rue. La foule était toujours plus ou moins bruyante parce que les gens discutaient entre eux, parce que les véhicules passaient, mais là c’était autre chose. Une grande clameur qui venait de quelques mètres à sa droite. Il vit aussi un mouvement de foule et il commença à légèrement paniquer. Est-ce qu’il s’était passé quelque chose ? Est-ce qu’il devait courir comme les autres ? Il ne peut même pas répondre à cette question, il était emporté par les autres qui s’échappaient. S’il ne suivait pas le rythme, il allait finir piétiner.

Au milieu de la foule, il se sentait oppressé, il se sentait vraiment mal. Il décida alors de quitter le groupe pour se mettre dans un endroit qu’il estimait à l’abri. Une toute petite rue, sans bruit, sans personne et une grosse poubelle. Il se cacha alors derrière, espérant que personne n’allait venir ici. Il laissa quelques minutes passer, toujours avec un bruit au loin. Au moment où il s’apprêtait à sortir de sa cachette, il entendit quelqu’un courir dans sa direction, suivi d’autres pas beaucoup plus lents. Il entendit une voix rire et ajouter quelques mots.

- Ça ne sert à rien de t’échapper, tu vas y passer.

Les choses se passèrent assez vite ensuite, il n’eut pas le temps de réfléchir. Il sortit de sa cachette pour défendre la personne qui venait de tourner dans la même rue que lui. Il vit effectivement quelqu’un, et un homme juste en face. Un homme petit, un peu bedonnant, un espèce de fusil à la main. Ça ressemblait plus à un jouet pour enfant d’ailleurs, blanc et en plastique. Cependant, Bo Geom sentit son coeur s’arrêter quand l’homme le pointa vers lui et appuya sur la gâchette. Il ferma les yeux et… se sentit juste étrange. Il n’avait absolument pas mal, ça le piquait juste un peu partout sur sa peau. Il finit quand même pas rouvrir les yeux et faillit avoir une attaque.

Tout autour de lui avait changé. Il était toujours dans la même rue quasi déserte, à l’exception de l’homme avec son arme et de la seconde personne qui s’était réfugié ici. Et aussi de ce gros chat curieux, qui faisait au moins cinq fois sa taille. L’homme avec son arme était tellement grand qu’il ne pouvait pas le voir au dessus de son genou. Il reconnaissait juste ses vêtements. Il n’était pas le seul à être dans cet état, puisque la deuxième personne était aussi petite que lui. Il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Ça n’avait aucune logique, aucun sens. Ce genre de chose n’existait pas. Pourtant, il ne pouvait ignorer la menace du félin qui se léchait déjà les babines en visant ses deux prochaines proies. Bo Geom mit ses mains en avant comme si ça pouvait changer quelque chose, comme si ça allait faire fuir le chat qui avait sous le nez un repas presque donné.

- Cours te cacher ! Il va nous dévorer si on ne bouge pas !

Il parlait à la deuxième personne, parce qu’il ne pouvait vraiment pas simplement s’enfuir en courant et la laisser là. Le problème c’était qu’il n’y avait pas grand chose dans cette rue. La poubelle, mais elle était sans doute trop haute pour qu’ils puissent s’y réfugier. A moins qu’il y ait un trou à l’arrière, mais il en doutait. Sinon, il y avait toujours les cartons un peu plus loin, à condition qu’ils puissent être refermés. Bo Geom ne savait pas quoi faire et dans la panique, il resta figé sur place face au chat qui allait se régaler.