En cette fin de mois d’Octobre, mon sort est scellé. Volontairement, j’ai envoyé mon inscription pour participer à cet évènement qui s’annonce aussi drôle qu’effroyable – l’idée d’épouvante étant le détail faisant la différence. D’humeur audacieuse, je pars à l’aventure, yeux fermés, et j’espère frissonner tout du long. Mon âme d’enfant tarira plus tard. La première étape se dresse devant moi, et en guise d’ouverture aux sensations, l’inertie se proclame souveraine. A ma disposition, une chaise, une table basse, un porte-bloc, une feuille vierge et un crayon. Du matériel rudimentaire, en somme, de quoi susciter mon interrogation. Paré de mon costume digne de Tate Langdon, lors de sa folie furieuse qui se clôt en carnage à son lycée, et finement maquillé à l’image d’un défunt élégant, je m’installe avec entrain, dans mon rôle. Fervemment, je retire ma cape noire, et ébouriffe effrontément ma chevelure ébène – unique défaut de l’emblème squelettique que j’incarne.

D’un calme capable de me rendre méconnaissable, j’écoute les instructions prononcées par une voix à la Jigsaw, retenant un sourire insolent. Il ne s’agit pas de suer physiquement, pour cette épreuve exclusivement cérébrale. Habituellement, ce domaine me fait crisser des dents, cependant le thème abordé m’inspire davantage que d’ordinaire. Tout ce qui a trait à la peur, dans les œuvres cinématographiques, me passionne. Je ne me lasse pas de lire, ni de voir des histoires d’horreur, qui joue de nos appréhensions, stimule notre imagination dans les pires situations qui soient. Dans ce cas de figure, contrairement à mes camarades de mésaventure, l’évocation du jeu me plaît, un peu trop, à vrai dire.

D’ores-et-déjà tout excité, je m’arme de ma plume, prêtant une oreille attentive aux questions énoncées, les unes après les autres. Simetierre entame le questionnaire, un livre de Stephen King – rien de mieux pour débuter. Avec vivacité, je griffonne la réponse : un chat, satané fauve d’ailleurs. Vient ensuite le tour de la célèbre Carrie White. Cette réalisation, plus ancienne, me parle moins. De mémoire, je penche pour la télépathie, et la télékinésie. La singularité du terme ne me résout pas à choisir entre l’une des deux propositions, je n’aurai sûrement qu’un demi-point pour cette question. En ce qui concerne Candyman, c’est la plus simple. Nulle once de doute, cinq est le chiffre-clé. Quant à la création d’Alfred Hitchock, ma pensée liminaire va pour Psychose, seulement l’année de sa projection est antérieure à 1963. Je tique, malgré moi, et réfléchis un instant. La chronologie de ce grand homme ne m’apparaît pas clairement à l’esprit, et la frustration menace de poindre. Pinçant discrètement le coin de ma lèvre inférieure, j’égare mon regard dans cette nébulosité infaillible, à la recherche d’une aide invisible – vaine. Ici, c’est du chacun pour soi, je suis le premier à le revendiquer.

Le pire dans tout ça? Je l’ai sur le bout de la langue, ce titre. Durant d’interminables minutes, j’énumère les éléments de ce panel riche et visionnaire, pour l’époque, malaxant mes tempes. Un soupir d’abdication résonne, hors de mes pulpes. Plus nonchalamment, je repose ma planche sur le support, jurant intérieurement


D’une œillade circulaire, je constate l’entraide rôdant à l’entour. Après une brève réflexion pesant le pour et le contre, j’opte en faveur du retrait, ne me laissant pas tenter par cette facilité. Mon caractère de compétiteur aguerri ne peut s’y résigner, qu’importe l’enjeu et les circonstances. Le défi est, après tout, lancé, et il s’avère, en dépit de ce que nous pouvons croire, de taille.