Cher monsieur le directeur,
je m'appelle Choi Min Ki, mais mes fans m'appellent parfois Ren (Lotus). J'ai actuellement 23 ans ans, car je suis né(e) le 3 Novembre 1995 à Busan et je suis Coréen. En plus d'être élève à VIP, je suis surtout Chanteur. Si vous voulez tout savoir je suis Chanteur secondaire, danseur, maknae et occasionnellement parolier au sein du groupe Nu'Est et mes activités sont gérées par l'agence Pledis Entertainment. En ce qui concerne ma famille j'ai mes parents et mon frère, mais nous ne sommes plus vraiment une famille. Étant donné que je n'ai aucun secret pour vous monsieur le directeur, vous pouvez aussi savoir que je suis pansexuel et je suis libre et volage. J'aimerais m'inscrire à VIP University dans le secteur Fashion Killers car je sais que quand on me connaît ça peut faire un peu cliché, mais je suis un grand passionné de mode et j'aimerai beaucoup en apprendre plus sur ce monde et les métiers qui y sont liés..
Je vous joins les renseignements demandés pour l'inscription.

Ton caractère
Au quotidien on me décrit comme étant attentif, aimant, gentil avec ceux que j'apprécie, joyeux, extrêmement joueur mais aussi énervant, surexité, enfantin, Totalement une diva, râleur, trop bavard, très critique, aimant mais absolument pas fidèle en amour, Sec et froid aux premiers abords et avec un goût prononcé pour le risque, et j'ai pour habitude de lever les yeux aux ciels quand je suis agacé

Autant vous le dire tout de suite monsieur le Directeur, je n’ai pas vraiment l’habitude de parler de moI. Pourtant je ne suis pas timide, c’est juste que les gens prennent un malin plaisir à faire des contresens et des raccourcis que je ne cherche même plus à expliquer. Seuls certaines personnes ont toute ma confiance et mon estime. Les autres je sais que je n’aurai jamais gain de cause avec elles et c’est une perte de temps et d’énergie que de vouloir expliquer mon point de vue. Mais bon comme je dois tout vous dire je suppose que l’on y reviendra plus tard. Pour commencer je suis quelqu’un qui se plaît à offrir plusieurs facettes aux gens, bien que je sois une seule personne (pas celle que les gens voient forcément), je me complais dans l'ambiguïté que ce soit au niveau de mon comportement ou au niveau de mon physique. Vous pouvez demander à cette personne qui a cru qu’il discutait avec une fille dans un bar et qu’il a essayé de draguer, je crois qu’il garde encore un drôle de souvenir de cette rencontre. Nan sérieusement vous pouvez vraiment lui demander il se trouve dans les murs de cette université et je pense qu’il va être très heureux de me revoir. Toujours est-il que le fait d’être duel, est un vrai moteur pour moi, à défaut de me faire comprendre comme la personne que je suis vraiment.

Je suppose que vous regardez de temps en temps la télévision monsieur le directeur et que parfois il vous arrive de tomber sur des programmes musicaux et notamment sur la tête d’ange de Choi Min Ki. Comme le groupe est un peu partout depuis Produce 101 ça ne serait pas vraiment étonnant. Il est toujours à sourire ce petit Min Ki. Toujours à rigoler et à taquiner ses bandmates. Une personne joyeuse. Bon enfant. Dit comme ça, ça fait peur et vous vous dites sûrement qu’il y a anguille sous roche, que peut être je suis totalement triste, taciturne et un brin déprimé en vrai. Pas vraiment en fait. Il y a vraiment une partie de moi qui est joyeuse et enjouée. Et ça a toujours été comme ça, même si je me suis beaucoup tenu à l’écart des gens et ce depuis que je suis petit. Toujours à chanter, à sautiller dans tous les coins, vraiment. Et je suis resté comme ça. Toujours aussi gamin et joyeux la plupart du temps. Vous pouvez demander à mes proches, c’est exactement comme ça que je suis, peut être un peu trop pour les nerfs de mes amis. Je suis également très présent pour eux, attentif à leurs besoins et leurs problèmes. Mais ça pour moi c’est quelque chose qui me semble tout à fait naturel et normal. Tout comme je suis aimable avec nos fans et je suis attentif à eux. Du moment qu’on respecte ma vie privée tout va bien. Signer un autographe oui. Qu’on vienne m’alpaguer alors que je suis avec des amis ou que je cherche à me détendre c’est quelque chose que je supporte déjà beaucoup moins et fan ou pas je risque de me montrer un peu sec. Il faut juste bien choisir son moment c’est tout.

Je vous parlais d’ambiguité toute à l’heure. Je suis quelqu’un qui adore jouer et qui adore séduire. C’est quelque chose de très attrayant de voir que l’on est attirant. Si je suis loyal envers mes amis, je ne suis pas quelqu’un qu’on pourrait considérer comme fidèle en amour. Je peux le dire je n’ai jamais été en couple. Je n’ai eu que des aventures, c’est tout et je le vis très bien. Je n’ai jamais fais de scandale, j’aime juste le rush d’adrénaline liée à la prise de risque. Le risque de me faire reconnaître, jouer avec les règles j’ai toujours adoré ça. La vie sans risque c’est vraiment barbant, et je sais qu’en me comportant de cette façon j’ai blessé certaines personnes et que j’ai créé des frayeurs chez mes proches mais c’est comme ça que je vis et que j’apprécie de me comporter. Et puis Aaron, même s’il est mon hyung n’a pas vraiment de leçons à me donner sur le sujet…

Ah oui peut-être que je ne devrais pas dire ça à mon futur directeur mais je n’aime pas trop qu’on me donne des leçons. Suivre des cours ça me va, qu’on me dise quoi faire ça à tendance à coincer. J’ai 23 ans et je pense que j’ai vécu assez de choses pour savoir comment je dois diriger ma vie. Du moment que je ne met pas en danger le groupe et mes amis ça me va. J’ai beau être très gentil comme ça mais je suis quelqu’un qui râle sur tout et qui critique pas mal les choses et les autres. Souvent avec fondement et des arguments, parfois par pure envie de le faire quand je suis énervé. Ça m’a valu pas mal de remontrances et de problèmes avec les membres de l’agence au départ et pendant les premières années de Nu’Est. J'avais du mal à me conformer à ce qu’ils voulaient de moi et la façon dont ils ont utilisé mon image. J’ai encore du mal à revoir nos premiers MVs. Si la musique est très bien, l’image que je renvoie me donne des frissons d’horreur. J’ai fais des choix dans la vie et j’ai beaucoup de mal à les remettre en question. Comme j’ai du mal qu’on me contredise ou qu’on accède pas à ce que je veux. C’est mon côté diva que j’assume totalement. Il faut faire avec si on veut me côtoyer c’est tout. J’ai bien conscience de ne pas être le plus agréable à vivre parmi les Nu’Est, que la différence d’image entre l’image publique et l’image privée peut choquer mais je considère que ce n’est pas à moi de changer ça, on me l'a déjà bien assez demandé, vous pouvez me croire.


Qu'est-ce qui te différencie ?
C'est un peu délicat de parler de ça. Parce que beaucoup de personnes ne veulent pas comprendre ce que je vis. Depuis le début, je vous ai parlé de moi comme un garçon. Disons que c’est pour la convenance et pour les soit disantes normes de la société. Pour tout le monde Choi Min Ki est un garçon. Pourtant ce n’est pas vrai. Du moins pas pour moi. J’ai bien le corps d’un garçon hein, et c’est bien le problème. C’est un peu mon enfer personnel. Voyez vous monsieur le Directeur. Je suis une fille. Une fille prisonnière dans le corps d’un garçon. Depuis que je suis petite je me suis rendue compte que quelque chose ne va pas, que je ne suis pas celle que je voudrais. Que ce corps n’est qu’une prison pour moi.

Moi qui suis si bavarde et joyeuse, j’ai eu beaucoup de mal à en parler, à communiquer là dessus, pour qu’on m’aide et qu’on confirme mes choix. Quand j’ai commencé à vraiment le dire, que je suis une fille, on m’a souvent rejetée et il y a certaines personnes qui font plus mal que d’autres dans leur rejet, je peux vous le dire. Je vous parlais de nos premiers MVs comme FACE ou ACTION. Je ne les aime pas. Parce que certes j’y apparaît comme une fille mais on a forcé le trait, l’agence était bien trop heureuse de pouvoir jouer là dessus pour nous faire gagner de la popularité. Je ne suis pas une poupée, je ne supporte pas qu’on m’utilise comme ça. Si je dois porter des robes, me maquiller, faire du nail art, c’est pour moi-même parce que je me sens bien comme ça, pas pour des fins commerciales. Tout comme je déteste les jugements du genre “ça c’est pour les filles, ça c’est pour les garçons.” Si les gens arrêtaient avec leurs préjugés peut être que la planète tournerait un peu mieux. Rien que mon surnom, Ren m’énerve. Ça veut dire Lotus en japonais. Ils ont trouvé ça à la Pledis parce que ça fait délicat et tendre. J’ai l’air tendre et délicat ?

Dans le cadre public vous imaginez bien que c’est plutôt compliqué d’exprimer le fait que je suis une fille. Parce que généralement on nie en bloc. On me dit que ce n’est pas normal, que ce n’est pas un choix d'être un garçon ou une fille. Que je suis un garçon un point c’est tout. Et puis il y a le groupe, je sais qu’on apprécie ma féminité, ça a fait une partie de mon succès au delà de ma voix. Mais de là à ce qu’on accepte que je sois une fille c’est une toute autre chose… Non la célébrité n’aide pas vraiment pour ça, bien au contraire. Même si je ne changerai de carrière et de groupe pour rien au monde. Ces gars là sont ma famille, ma vraie famille. Ils savent tous comment je me sens à l’intérieur de moi, et pas un n’a montré un signe de rejet. Ils me soutiennent et je ne pouvais pas rêver mieux. Pourtant je ne suis vraiment pas facile à vivre tous les jours. Surtout quand il s’agit de gérer mes petits caprices. De plus je ne suis pas vraiment à l'aise avec le rôle de maknae dont on prend soin comme quelque chose de fragile.

Ça m’arrive de traîner parfois le soir, dans des bars ou des clubs. J’y croise plusieurs de vos étudiants d’ailleurs. Ça me permet de me détendre. Et je dois avouer que j’y expérimente souvent l’effet Superman. Vous savez le fait que quand il met sa cape personne ne reconnaît Clark Kent ? C’est fou comment une robe, du maquillage et une perruque suffisent à faire passer incognito. Je sais que certaines personnes pensent que c’est un délire. Moi c’est juste pour être celle que je suis. C’est entre autre pourquoi je viens ici monsieur le Directeur, je crois savoir que votre établissement prône la tolérance. J’espère qu’on me laissera être la personne que je suis et pas celle qu’on veut je sois.

Je suis née à Busan, c'était donc plutôt compliqué pour moi de passer une audition pour une des grandes agences de musique du pays se trouvant à Séoul. Mais je tenais bien trop à passer cette audition que je suis allée jusqu'à Séoul, dans les locaux de la Pledis Entertainment histoire de voir ce qu'ils pouvaient faire pour moi. J'avais économisé longtemps pour faire ça, dans le dos de mes parents. Arrivée sur place on m'a fait comprendre que je ne pouvais pas postuler ce jour là. Quand ils ont vu que j'avais traversé la moitié du pays pour venir ils m'ont finalement laissé chanter une chanson. Let It Be des Beatles. Mon anglais n'était pas vraiment élaboré à l'époque mais visiblement ils ont aimé ma voix et j'ai pu rejoindre le lendemain le programme Pledis Boys. C'était en 2008 et je m'en souviens comme si c'était hier parce que c'est ce jour que ma vie à changée. Littéralement. Je quittais un endroit où on ne voulait plus de moi pour une nouvelle famille qui m'acceptais totalement. Même si j'ai bien conscience que je fais partie d'un des univers les plus formatés au monde. Je ne me fais pas d'illusions sur l'industrie musicale, j'espère juste qu'avec des personnes comme comme Jeong Han-ha ou comme moi, les choses pourront évoluer.

Je vais vite passer sur nos prédebuts, vous avez déjà vu passer mes quatre autres camarades avant moi. Nous avons été les Pledis Boys et nous avons participé à plusieurs projets de nos labelmates, surtout After School Blue en tant que backdancers et choristes. Nous avons aussi fais quelques chansons originales mais rien à voir avec ce que devait être Nu'Est quelques années plus tard.

2012 marque nos débuts. Je l'ai dit et répété ça a été un des moments les plus heureux de ma vie. De voir que nos efforts ont finalement payé. FACE est sortie, rapidement suivie par ACTION, deux titres assez forts. FACE me tient particulièrement à coeur. Même si comme je l'ai dit je n'aime pas vraiment l'image que je renvoie dans le MV, parler de harcèlement scolaire est un sujet très important. Je pense que plusieurs membres du groupe on déjà fait face à ça, et pouvoir en parler nous semblait important surtout si nous pouvions changer les mentalités.

Nous enchaînons titres et absences de façon plutôt chaotique. Arriveront Re:Birth, Canvas, nos débuts au Japon. Et malgré le succès de nos premiers titres, 5 ans après les débuts du groupe, nous ne décollons pas. Contrairement à Seventeen qui a connu le succès dès 2015.

2017. L'humiliation pour nous. Produce 101, nous redevenions des trainees pour sauver notre peau. Nous n'étions plus des rookies, nous avions 5 ans d'histoire avec le groupe pourtant pour nous c'était l'ultimatum. Ça passe ou ça casse. De plus Aaron a été écarté de l'émission, officiellement pour cause de blessure à la jambe. Officieusement, Mnet ne voulait pas avoir à gérer les "écarts de comportement" de notre ami. Je sais qu'il l'a mal vécu et je me suis senti très mal pour lui.

"Je travaillerai dur, même si mon corps doit se briser" c'est ce que j'ai déclaré pendant les présentations pour l'émission. Parce que c'est ce que je ressentais à l'époque. Je voulais que nous soyons reconnus, que notre valeur soit enfin reconnue. Que l'on puisse être fiers de nous. Et aussi pour Aaron qui était mis de côté. Tour après tour, live après live il n'est resté que Min Hyun pour intégrer Wanna One. Ça a été un véritable déchirement pour nous tous. Notre ami allait devoir nous quitter pendant un an et demi minimum. Nous nous allions devoir continuer malgré tout.

Nu'Est W est né. W comme Waiting, l'attente du retour de Min Hyun. Grâce à lui et grâce à cette émission nous étions de nouveau sous la lumière des projecteurs. Le succès est au rendez-vous. Jong Hyeon et Dong Ho se démènent comme jamais pour écrire et composer. Trois albums, trois succès et de nombreux prix. Le tout couronnés par deux concerts fin 2018 comme un point d'orgue et une promesse de revenir au grand complet l'année suivante. Comme vous le savez, Nu'Est est de nouveau reformé et nous avons sorti un nouveau titre le 15 mars, nous en sommes très heureux.

Ah aussi j'ai participé à la Fashion Week de Séoul en 2012 avec Min Hyun et j'ai promu plusieurs marques de vêtements unisexe, quelque chose qui me tient particulièrement à coeur. J'ai aussi participé à plusieurs dramas. Je vous joins la discographie du groupe, même si vous devez déjà en avoir quatre exemplaires j'imagine.

Nu'Est Avant Produce 101:

• 2012: FACE
  
• 2012: ACTION
  
• 2013: Hello
  
• 2013: Sleep Talking
  
• 2014: Re:Birth (1er Album)
  
• 2014: Nu'Est Best In Korea (Best Of)
  
• 2015: I'm Bad
  
• 2014: Shalala Ring
  
• 2015: Bridge The World (2ème Album)
  
• 2016: Q Is.
  
• 2016: Canvas

Nu'Est W:

• 2017: W,here
  
• 2018: Who, You ?
  
• 2018: Wake;n

Nu'Est:
[list][*]2019: A Song For You

Source Nautiljon

“Maman, je veux une robe”. Je me doute bien que peu de personne on dû vous dire ce genre de chose dans votre bureau. Et vous vous demandez peut-être quel rapport ça a avec mon histoire. Pourtant c’est le début de tout. Enfin c’est là que tout commence à changer. Mais bon je vais rapidement vous faire le résumé habituel. Je suis né en 1993 à Busan, bien loin de Séoul. J’avais des parents aimants et un frère qui était heureux de voir quelqu’un de nouveau débarquer dans la famille. Je viens d’une famille plutôt bourgeoise, pas forcément riche, mais qui avait quand même les moyens d’entretenir un certain standing. De quoi envoyer leurs fils dans les meilleures écoles.

J’en étais heureux à l’époque. un enfant ne peut pas rêver mieux comme cadre. Et puis je ne comprenais pas tout ce que je comprends sur moi-même aujourd'hui. On ne se pose pas les mêmes questions quand on est gosses. Mais ça n’empêchais pas de ressentir certaines choses. C’est à l’école que j’ai commencé à comprendre certaines choses. Pourquoi je devais m’habiller d’une certaine manière ? Pourquoi je ne pouvais pas porter de robe ? C’est joli pourtant. C’est un peu ce que je me disais. Sans me poser de question sur le genre ou quoi que ce soit. Je trouvais juste ça beau. “Maman je veux une robe” donc. Voilà comment j’en suis venu à poser cette question à ma mère. En toute innocence. “Une robe ? Qu’est de que tu voudrais faire d’une robe Min Ki ? Ce n’est pas pour les petits garçons les robes. Ne me demande plus jamais quelque chose comme ça.”

Sur le coup je n’ai pas compris. Pas compris ce que j’avais pu dire de mal. J’avais à peine 8 ans. Comment je pouvais me rendre compte que ça puisse choquer mes parents ? On en a pas parlé pendant un petit temps. Pourtant jour après jours, je me suis mis à m’intéresser à tout ce que notre société considère comme féminin. Toujours par curiosité, par intérêt, toujours sans me poser de questions. Ou peut être que c’est ce que je me disais à l’époque, peut-être que les questions étaient déjà bien présentes.

A l’époque j’étais peu sociable, j'avais quelques amis. Avec eux j'étais très heureux et trop bavard. On me trouvais un peu bizarre mais je m’en fichais, j’avais des gens à qui parler et avec qui passer mon temps c’est tout ce qui comptait. Mes interrogations restaient dans ma tête, je n’en parlais pas, de peur qu’on me juge comme ma mère l’avait fait quelques mois plus tôt. Je n’en ai pas vraiment parlé à nouveau. Pas avant le collège du moins.

On dit souvent que c’est à ce moment que les personnalités se révèlent. Chez moi c’est venu un peu avant mais c’est vrai que c’est au collège que j’ai commencé à prendre conscience de moi même. Mon argent de poche, je l’ai dépensé dans des habits et du maquillage. En cachette bien entendu. Je voulais savoir ce que ça faisait. Qu’est ce que j’allais ressentir ? J’ai essayé de me dire que ce n’était sûrement que parce que j’ai des traits féminins que je me posais ces questions et que ça serait juste drôle d’essayer. Le truc c’est que ce n’était pas si drôle que ça et à défaut de me sentir bien en enfilant une robe, ou en me maquillant je trouvais ça normal. Juste normal. Pourtant les mots de ma mère continuaient de tourner dans ma tête. “Ce n’est pas fait pour les petits garçons.” Alors pourquoi moi, Choi Min Ki, visiblement un garçon, je trouvais ça normal de me maquiller, de porter des habits considérés comme féminins ? Et pourquoi, alors que le temps passait, je me suis mis à me sentir de mieux en mieux ? Tout ça commençait à vraiment m’intriguer. En cours on me trouvait de plus en plus étrange, et même si j’étais toujours à parler et à sourire, j’avais clairement moins d’amis qu’à l’école. Je me sentais bien avec ceux que j’avais, je rigolais, faisait des blagues. Tout semblait bien de ce côté là.

C’est aussi à cette époque que j’ai commencé le chant. Ça mes parents toléraient. Ce n’était qu’une activité comme une autre. Je travaillais bien à l’école. Pourquoi devraient-ils s’en faire ? En plus je chantais plutôt bien, avec une voix fluette certes mais je chantais bien. Ça rendait tout le monde heureux, on me faisait chanter pendant les repas de famille. L’ambiance était bonne. Et moi et bien moi je me posais toujours autant de questions.

Quoi que non. Parce que tout commençait à devenir si clair dans ma tête. Clair et pourtant je me sentais perdu. Perdu en tant que garçon. Perdu à ne plus comprendre mon corps. A ne pas comprendre pourquoi je n’aurai pas dû naître comme ça. Lentement je me suis mis à comprendre que Choi Min Ki était une imposture. Un masque que je mettais pour me regarder dans le miroir. Je me mentais pour mieux mentir aux autres après. Quand j’étais seul, dans ma bulle j’arrivais à être la personne que je suis vraiment. Quand je chantais aussi. Le chant m’a beaucoup aidé à me trouver en tant que personne. J’ai passé des nuits à étudier des textes de chansons. Des traductions de chansons étrangères surtout. Born This Way, Girls and Boys, 3eme Sexe, King for a Day, Rebel Rebel. Bowie, Gaga, et d’autres. Ils sont devenus mes modèles et je leur doit beaucoup de choses me concernant. Pourquoi tout le monde ne pouvait pas considérer ça comme normal ? Je devais me taire, ne rien dire. Et c’est peut-être ça le pire, quand on ne sait pas vraiment qui on est. De ne pas pouvoir en parler ? “Ce n’est pas pour les garçons” on m’a dit quand j’étais plus petit. Mais si la vérité était ailleurs ? Si je n’étais tout simplement pas un garçon ? Si j’étais tout simplement né dans le mauvais corps ? Et surtout. Est-ce que quelqu’un sur cette planète serait prêt à m’écouter ? Sans me juger, sans me mettre dans une case juste parce que je me pose des questions. Juste parce que je m’habille en fille de temps en temps. Juste parce que plus le temps passe et plus je ne sais plus qui je suis.

“MAMAN ! PAPA ! MIN KI A DES ROBES DANS SON ARMOIRE !!”. Cette phrase, monsieur le directeur. C’est le glas qui sonnait pour moi. Mon frère. Ce fouineur a fouillé mes affaires et est tombé sur ce que je cachais bien précieusement. Mes parents étaient furieux et moi je n’en menais pas large. C’est bien ce que je pensais. Ils ne trouvaient pas ça normal. Pas digne de leur famille. Qu’ils ne m’avaient pas éduqué comme ça. Comment je pouvais leur expliquer ? Comment je pouvais leur faire comprendre que leur fils aurait préféré être leur fille ?

“MI KI JE T’AVAIS DIS QUOI ? TOUT ÇA CE N’EST PAS POUR LES GARÇONS !”

Le sang n'a fait qu'un tour dans mon cerveau et j'ai hurlé.

“JE NE SUIS PAS UN GARÇON ! JE SUIS UNE FILLE ! UNE FILLE ! ET JE SUIS FIÈRE !”

Et tout s’est brisé d’un coup. La vérité est sortie. Je ne pouvais plus leur mentir, ni me mentir. Je devais accepter celle que je suis. Un point c’est tout.

Après ça, on ne se parlait plus avec mes parents. Je leur faisait honte. Ils me gardaient parce qu’ils n’avaient pas le choix. Leur réaction m’a fait mal, très mal. Je pensais qu’ils me comprendraient mais non. Je me suis enfermé dans le chant. J'ai imposé celle que je suis à ma famille, et je sais que c’est à cette époque là que mon goût du risque, et le fait d’aimer jouer avec l’ambiguïté sont arrivés. Je voulais partir d’ici. Définitivement. Vivre mon rêve d’être connue par le chant, par l’art. Parce que c’était la seule chose qui me faisait du bien.

Encore une fois mon argent de poche, du moins ce qu’il en restait avant que mes parents arrêtent de m’en donner a été mis à profit. Un billet aller simple pour Séoul. J’ai choisi la première agence sur laquelle je suis tombée. Pledis. Ils n’étaient pas en phase de recrutement et ne voulaient pas me faire passer d’audition. Quand ils ont vu que je venais de loin ils ont fait une exception. J’ai chanté Let It Be des Beatles. On m’a ensuite annoncé que je ferai parti d’un nouveau projet. Les Pledis Boys et qu’avec d’autres personnes je ferai backdancer et choriste pour les groupes de hyungs de l’agence. Mais il fallait l’autorisation de mes parents. L’autorisation est arrivée rapidement, accompagnée d’un “ne revient pas”. Ça m’a brisé. Mais j’ai continué. M’accrochant à mes rêves.

Le reste je vous l’ai déjà dit plus tôt. J’ai été trainee avec mes bandmates de mes 15 ans à mes 18 ans. On a travaillé dur, participé à plusieurs projets. Avant de pouvoir débuter sous le nom de Nu’Est. J’ai trouvé plus que des amis. Une nouvelle famille. Qui m’aime pour ce que je suis. Sans me juger et ça vaut tous les sacrifices du monde. Je leur ai rapidement dit comment je me sens, que je suis une fille dans le corps d’un gars. Et ils l’ont accepté. Et je ne me suis jamais sentie aussi bien. Une nouvelle vie commençait maintenant.

C’est un peu avant que Nu’Est commence, vers 2011/2012 que j’ai fais la connaissance d’un garçon assez exceptionnel et doué d'incroyables talents. Il est à l’université. Samuel. A la base il faisait partie du projet Seventeen, qui devait débuter un peu après nous. Je dois dire que j’ai tout de suite adoré ce gamin. Il était gentil, souriant et très attachant. Et il y avait ce sentiment en moi qui me poussait à le protéger. A être là pour lui. Au fil du temps nous sommes devenus amis et j’étais souvent là pour lui. Pour le rassurer, le consoler quand la pression était trop forte. Lui sourire et l'aider à destresser avant les passages à la télévision. Le prendre dans mes bras et juste être là pour lui. Comme un ami, comme une grande soeur. Même quand il est parti de la Pledis sans explication j’ai continué à être là. J’espérai pouvoir l’aider, ne serait-ce qu’un peu. S’il avait besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer, il pouvait compter sur moi.

Les années ont passées, je m'affirmai plus. Même si la façon dont on utilisait mon image m’ulcèrai. Si bien qu’à un moment j’ai décidé de dire stop aux perruques et aux cheveux longs. Je voulais pouvoir contrôler l’image que je donne. Même si c’est toujours difficile dans ce métier. Mais désormais je pouvais être une fille. Du moins avec mes proches. En public et avec les cadres de l’agence ça restait plus compliqué.

Nous avons continué, nous sommes allé de l’avant. Et nous avons battu de l’aile. Rapidement. Si bien qu’en 2017, nous n’avons pas pu échapper à Produce 101. Humiliés. Voilà ce que nous étions. Humiliés par notre agence qui nous tendait une dernière chance, humiliés par Mnet qui a délibérément écarté Aaron. Ça a été dur. On s’est battus, on s’est mis en danger physiquement et moralement. Chaque élimination de l’un de nous était un déchirement. Voir qu’un seul au final a été retenu nous a fait tant de mal. Min Hyun allait devoir continuer avec Wanna One pendant un an et demi. Un an et demi sans notre ami. Tout le monde pleurait ce soir sur scène alors que Aaron qui était venu lui aussi nous a rejoint. Nous étions fiers de notre ami. Mais nous on pleurait la séparation à venir… Nu’Est revenait sous les projecteurs. Mais à quel prix ?

Le prix c’est une lettre. Un W. Ce foutu W qui vient s’ajouter au nom du groupe. W comme Waiting, mais je vous l’ai déjà dit. Nous avions regagné en popularité. Nous devions nous donner à fond, on ne pouvait pas décevoir les fans, on ne pouvait pas décevoir Min Hyun. Le résultat ? Trois mini albums couronnés de succès. Nous étions fiers bien entendu mais il y avait toujours cette sensation de manque tout de même. J’ai commencé à sortir plus le soir pendant cette période, comme pour m’échapper un peu de la pression. Pour me glisser dans la peau de celle que je suis vraiment, le temps d’une nuit. Ça me faisait du bien même si je savais que c’était dangereux.

A cette époque, Samuel que j’avais continué à soutenir pour sa carrière solo a eu un accident. J’étais épouvanté, stressé, angoissé. Je voulais le voir. Prendre de ses nouvelles, prendre soin de lui, le rassurer comme avant. Mais on m’a fait comprendre que ce n’était pas possible. Du moins pas pour l’instant. Samuel allait bien, mais il devait se remettre et avait besoin de temps. Même si je comprenais ça, ça me paraissais si injuste. J’ai pris mon mal en patience, mais ça a été difficile. A mon angoisse s’est ajoutée l’approche de la fin de Nu’Est W, le retour à cinq. Nous allions devoir offrir à nos fans un dernier bouquet final et le travail était colossal.

Nous avons travaillé d’arrache pied. Sans relâche. Nous voulions offrir le meilleur show pour nos fans. Pour Min Hyun. Double You, deuxième édition à Séoul. Deux concerts mémorables. Des anthologies. Nous avons tous pleuré ce soir là. Nous le groupe, les fans, nos équipes. Nous le groupe en qui plus personne ne croyait, devant cette foule immense qui scandait nos noms. Nous tournions une page pour fêter le retour de MinHyun. Nous étions heureux. Mais émus de voir Nu’Est W finir.

Enfin nous pouvions parler de Nu’Est à nouveau. Enfin nous pouvions prononcer le nom de MinHyun en public et être vus avec lui aussi. C’était une véritable libération. Une joie intense de voir son retour. Nu’Est était là à nouveau. Et comme vous le savez nous nous sommes tout de suite remis au travail. Le single est sorti hier. Je suis fier de ce que nous avons fait. Un beau cadeau pour nos fans pour l’anniversaire du groupe. Un beau cadeau pour nous aussi, pour nos 7 ans. Tout recommence maintenant et nous n’avons jamais été aussi heureux de créer ensemble.

Comme tous les Nu’Est sont ici à VIP ça semble normal que j’y fasse mon entrée aussi. Je suis content de les rejoindre et de passer un peu plus de temps avec eux. Et puis j’ai vraiment envie de développer mon goût et mes talents pour la mode donc c’est l’occasion rêvée. Je sais aussi qu’il y a une personne qui n’a pas envie de me voir après un certain soir, mais bon je pense qu’on saura cohabiter. Ah et surtout, j’ai appris par mes bandmates que Samuel est là aussi. Je vais enfin retrouver ce petit ange et lui apporter toute l’attention et le soutiens que je n’ai pas pu lui donner ces derniers mois. J’espère qu’il va bien et que je pourrais toujours prendre soin de lui comme avant. Je suis fière de l'homme qu'il est devenu. Fière de ce qu'il a accompli. C'est quelqu'un de talentueux et qui mérite qu'on s'intéresse à lui. Sinon, pour finir je promet d’être quelqu’un de gentille et souriante. Même si mon sale caractère est toujours là et que je ne suis pas prête de l’abandonner. Je pense que c’est mieux de vous prévenir. Voilà c’est tout. Merci pour votre temps monsieur le Directeur, bonne journée à vous.